Sculpteur Arnal Gaston
Il y a des artistes du tourment et de l'angoisse qui ne trouvent leur inspiration que dans le désespoir; chez Arnal, au contraire, l'oeuvre respire l'épanouissement d'un bonheur certain.
Le sujet naît pour s’échapper ; il est vu comme un rêve éveillé. Figure de matière, de vie et de beauté, fixée pour l'éternité des regards en un mouvement sublimé par le rêve de son Pygmalion, la femme atteint dans cette sculpture la force et la simplicité qui mènent à l'essentiel de la forme. Trace de vie, trace d'amour, le nu n'est pas seulement un corps exhibé, mais plié, en lui donnant de la souplesse, une souplesse de vie. Tel qu'il est représenté, le corps bouge encore parce que le jeu des courbes et de la sinuosité apparaît dans toute sa fluidité.
La conception en est si diverse que le thème n'est jamais lassant, car il exploite les opposés en de frappants contrastes et joue avec la fluidité sinueuse d'une courbe ou la pesanteur des masses, utilisant le mouvement ou l'immobilisme, pour exalter les vibrations infinies de l'harmonie.
D'un réalisme presque académique, ou au contraire stylisées comme quelque idole celte, ses femmes s'offrent nues aux caresses de l'oeil sans jamais d'indécence. Charnelles, sensuelles, impudiques et pourtant chastes. Femme-phares, aux paupières closes, mais éclairées d'une lumière intérieure qui transcende la simple exhibition de la chair. Longilignes, elles se dressent à l'extrême limite de l'envol, paraissant désireuses de rejoindre leurs frères oiseaux dont elles ont la grâce légère. Ou à l'opposé, repliées sur elles-mêmes, massives et trapues comme ces déesses antiques gardiennes des sources et des forêts, elles irradient par la densité de leur simple présence. Parfois aussi, avec une souplesse élastique, elles marchent vers nous, tendues et triomphantes, près de l'homme déjà soumis à leur pouvoir magique. On entre au coeur de la femme mythique pour découvrir un temps de paix et d’harmonie.
Ainsi, dans son ensemble, l'oeuvre modèle patiemment l'image d'une certaine pureté dont l'idéalisation paraît être amplifiée par l'émanation d'une parfaite quiétude.
Sophie Laboucarié Revue Art 2008
- Les mille et une femmes de Gaston Arnal : La Rencontre (Association du Musée Fabre) n° 30, 4° T., 1994, par J. Vidal, p.6 et 7, 3 fig.
- Gaston Arnal subime l'éternel féminin, musée de Millau, La Dépèche du 16/05/2005, 3 fig. par Philippe Roux.
- Les femmes de Gaston Arnal au Carré Ste.Anne Montpellier ; Midi Libre du 07/01/2007, 4 fig. par Maria Jansana.
- Gaston Arnal veut perpétuer l'état d'esprit de Paul Dardé, Midi Libre du 19/08/2014, 2 fig., par Yves Vellas.